La Banque du Japon passe-t-elle enfin à l’action ? En décembre, elle pourrait directement porter les taux d’intérêt à leur plus haut niveau depuis 28 ans.

Selon les informations disponibles, la banque centrale se prépare déjà à la réunion de politique monétaire prévue pour la fin du mois, avec pour sujet principal une hausse des taux. Bien entendu, cela reste conditionné à l’absence de turbulences imprévues sur les marchés. La principale motivation derrière cette initiative ? Les chiffres de l’inflation, tout simplement trop solides. En octobre, l’IPC de base est resté pour le 22e mois consécutif au-dessus du seuil politique de 2 %, avec une dernière lecture à 2,3 %, une dynamique de hausse inédite depuis 1995.

Le marché est désormais convaincu qu’une action interviendra en décembre. Les échanges sur les swaps montrent que 90 % des traders anticipent une hausse des taux, et certains établissements prévoient même une nouvelle hausse au premier trimestre de l’an prochain. Si la décision se concrétise, le taux directeur passerait directement de 0,25 % à une fourchette de 0,5 %-0,6 %, un record depuis 1995. L’ère de la politique ultra-accommodante, qui dure depuis près de trente ans, pourrait ainsi toucher à sa fin.

La logique derrière ce mouvement est en réalité assez claire :

Les risques externes diminuent. L’impact des politiques tarifaires américaines devient plus prévisible, avec une incertitude moindre qu’auparavant.

Les entreprises restent performantes. Au deuxième trimestre 2024, le bénéfice courant des entreprises japonaises a augmenté de 7,8 % en glissement annuel, marquant ainsi une croissance pour le troisième trimestre consécutif. Avec plus de moyens, elles peuvent se permettre d’augmenter les salaires : selon les données de la fédération syndicale, les négociations salariales du printemps 2025 prévoient une hausse moyenne de 4,5 %. Si cela se confirme, ce serait la troisième année consécutive au-dessus de 4 %. Les salaires augmentent, la consommation repart, les anticipations d’inflation restent donc bien ancrées.

Mais la banque centrale avance également avec prudence. Selon des sources proches du dossier, le rythme des hausses de taux ne sera pas accéléré d’un seul coup : après chaque ajustement, il faudra observer les effets de transmission dans l’économie. L’indicateur clé reste le « taux neutre » — la banque centrale estime son intervalle entre 1 % et 2,5 %. Le niveau actuel de 0,25 % en est encore loin, ce qui laisse en théorie de la marge pour poursuivre les hausses.

Entre résilience de l’inflation, profits d’entreprise et anticipation de hausse des salaires, la stratégie semble bien ficelée. La réunion de décembre marquera-t-elle réellement un tournant ? La réponse pourrait tomber dans les deux prochaines semaines. Pour le marché crypto, la hausse du coût du capital japonais et ses répercussions méritent également une attention toute particulière.