Quelles seront les cinq principales transformations que Wall Street et le BTC connaîtront en 2025 ?

Auteur : Mauricio Di Bartolomeo, CEO de Ledn, CoinDesk ; Traduction : Baishui, Jinse Finance

Lorsque Michael Saylor a annoncé en août 2020 que MicroStrategy convertirait 250 millions de dollars de ses réserves financières en Bitcoin, les analystes de Wall Street ont considéré cela comme une prise de risque imprudente. Saylor affirmait alors que le Bitcoin « surpassait l’argent liquide », ce qui a suscité le scepticisme du secteur bancaire traditionnel.

Cependant, aujourd’hui, ces banques qui se moquaient de l’adoption du Bitcoin par les entreprises se précipitent pour participer aux prêts garantis par Bitcoin, car elles cherchent à exploiter les caractéristiques supérieures du Bitcoin en tant que garantie institutionnelle et la croissance dynamique du marché des produits liés.

Les garanties traditionnelles (par exemple, l’immobilier) nécessitent une évaluation manuelle, subjective, et un cadre juridique complexe (variable selon les juridictions). En revanche, le Bitcoin offre une vérification instantanée via la blockchain publique, des règlements et des dénouements en temps réel 24/7, une qualité uniforme indépendamment de la localisation ou du contrepartie, ainsi que la capacité d’exécuter programmatiquement les termes du prêt.

Lorsque les prêteurs réalisent qu’ils peuvent vérifier et potentiellement liquider une garantie en Bitcoin à 3 heures du matin un dimanche — alors que l’immobilier attend une évaluation manuelle, une estimation subjective et une éviction potentielle — il n’y a plus de retour en arrière.

1. La finance traditionnelle cède face au Bitcoin.

L’approche de MicroStrategy (MSTR) a fondamentalement changé la façon dont les sociétés cotées perçoivent le Bitcoin comme un actif financier. La société ne se contente pas de détenir du Bitcoin, elle a créé un modèle financier utilisant le marché public pour étendre sa position en cryptomonnaies — en émettant des billets convertibles et en levant des fonds par émission d’actions pour financer l’achat de Bitcoin. Cette stratégie permet à MicroStrategy d’utiliser la même ingénierie financière qui rend les banques traditionnelles puissantes, mais avec le Bitcoin comme actif sous-jacent, plutôt que des instruments financiers classiques ou de l’immobilier, ce qui explique la performance nettement supérieure de MicroStrategy par rapport à un ETF Bitcoin spot.

Ainsi, l’une de mes prévisions pour 2025 est que MSTR annoncera une division d’actions 10 pour 1 afin d’accroître sa part de marché, car cela permettra à davantage d’investisseurs d’acheter des actions et des options. Le comportement de MicroStrategy illustre à quel point l’intégration du Bitcoin dans le financement des entreprises est profonde.

Je crois également que, avec la volonté des détenteurs à long terme et des nouveaux investisseurs d’obtenir davantage de rendement de leurs positions, les services financiers basés sur le Bitcoin seront très populaires. Nous anticipons une croissance rapide des prêts garantis par Bitcoin et des produits de génération de revenus pour les détenteurs mondiaux de Bitcoin.

De plus, il existe une réponse presque poétique à la question de pourquoi les prêts adossés au Bitcoin deviennent si populaires — ils incarnent la véritable inclusion financière, car les entrepreneurs de Medellín font face aux mêmes exigences de garantie et de taux d’intérêt qu’à Madrid. Chaque Bitcoin possède les mêmes attributs, standards de vérification et processus de liquidation. Cette standardisation élimine la prime de risque arbitraire historiquement imposée aux emprunteurs des marchés émergents.

Depuis des décennies, les banques traditionnelles prônent leur « influence mondiale » tout en maintenant des standards de prêt très différents selon les régions. Aujourd’hui, les prêts adossés au Bitcoin révèlent la nature inefficace de ce système hérité : un vestige d’un système financier dépassé.

2. Avec la libre circulation des capitaux, les frontières disparaissent.

Les pays entrent dans une nouvelle ère de compétition pour le secteur Bitcoin et le capital. Nous prévoyons en 2025 l’émergence de nouvelles incitations fiscales spécifiquement destinées aux investisseurs et entreprises en Bitcoin. Ces mesures seront accompagnées de programmes de visas rapides pour les entrepreneurs en cryptomonnaies et de cadres réglementaires visant à attirer les entreprises Bitcoin.

Historiquement, les nations se disputaient des bases de fabrication ou des sièges régionaux. Elles se disputent désormais le marché du minage de Bitcoin, des plateformes d’échange et des infrastructures de garde.

Le statut de « trésor Bitcoin » du Salvador représente une première expérimentation nationale de réserves Bitcoin. Bien qu’expérimentale, cette démarche, ainsi que la récente proposition de réserve stratégique Bitcoin aux États-Unis, obligent les centres financiers traditionnels à prendre conscience du rôle du Bitcoin dans la souveraineté financière.

D’autres pays étudieront et tenteront de reproduire ces cadres, préparant leurs propres initiatives pour attirer des flux de capitaux libellés en Bitcoin.

3. Ouvrir la porte aux acteurs bancaires.

Dans le marché de la dette, la nécessité stimule l’innovation. Les sociétés cotées utilisent désormais fréquemment le marché obligataire et les billets convertibles pour financer des opérations liées au Bitcoin. Cette pratique a transformé le Bitcoin d’un actif spéculatif en un pilier de la gestion financière d’entreprise.

Des sociétés comme Marathon Digital Holdings et Semler Scientific ont réussi à suivre la voie de MicroStrategy et à en récolter les bénéfices. Pour les gestionnaires financiers et PDG, c’est un signal crucial : le Bitcoin attire désormais leur attention.

Par ailleurs, le marché des prêts en Bitcoin a fait d’importants progrès ces deux dernières années. Les prêteurs institutionnels sérieux exigent désormais une garantie adéquate, des arrangements de garde transparents et des ratios de prêt prudents. La standardisation de ces pratiques de gestion des risques attire précisément les capitaux institutionnels qui auparavant y étaient réservés.

Une réglementation plus claire doit ouvrir davantage la porte à la participation des banques aux produits financiers liés au Bitcoin — ce qui bénéficiera principalement aux consommateurs, en introduisant de nouveaux capitaux et en faisant baisser les taux d’intérêt, rendant les prêts adossés au Bitcoin plus attractifs.

4. La consolidation par acquisitions dans le secteur des cryptomonnaies.

Avec la clarification réglementaire apportée par la résolution SAB 121 concernant la garde de cryptomonnaies et autres directives, les banques seront confrontées à un choix stratégique : développer ou acquérir une présence dans le marché croissant du Bitcoin et des prêts. Nous prévoyons qu’au moins une des 20 principales banques américaines acquérera une activité cryptographique l’année prochaine.

Les banques veulent agir rapidement, car le calendrier de développement des infrastructures cryptographiques dépasse le délai de leur concurrence, tandis que les acteurs établis traitent déjà des milliards de transactions mensuelles via des systèmes éprouvés.

Ces plateformes opérationnelles représentent des années de spécialisation que les banques ne peuvent pas reproduire rapidement. La prime d’acquisition par rapport au coût d’opportunité d’un retard sur le marché s’amenuise.

La combinaison de maturité opérationnelle, de clarté réglementaire et de nécessité stratégique crée des conditions naturelles pour que le secteur bancaire s’empare des capacités en cryptomonnaies.

5. La validation du Bitcoin par le marché public.

Le secteur des cryptomonnaies devrait connaître une année décisive en matière d’introduction en bourse. Nous anticipons au moins une IPO majeure dans le domaine, valorisée à plus de 10 milliards de dollars. Les principales entreprises d’actifs numériques ont mis en place des couches de services institutionnels complexes, dont les revenus sont désormais comparables à ceux des banques traditionnelles, traitant des milliards de dollars de transactions quotidiennes, gérant de vastes portefeuilles sous un cadre réglementaire strict, et générant des revenus stables issus d’activités réglementées.

Ainsi, le prochain chapitre financier ne sera pas écrit par ceux qui résistent au changement, mais par ceux qui comprennent que leur survie dépend de leur capacité à embrasser cette transformation.