Jeu pour la science : Ideosphere souhaite financer la recherche avec des marchés de prédiction

Les cofondateurs de la startup de science décentralisée Ideosphere ont confié à Cointelegraph qu’ils visent à rediriger l’énergie spéculative des marchés de prédiction crypto vers le financement de la recherche scientifique en phase précoce.

Lors d’un entretien avec Cointelegraph lors de l’événement Blockchain for Good Awards à Copenhague, Danemark, la cofondatrice et responsable de la technologie chez Ideosphere, Rei Jarram, a déclaré que certaines recherches sont considérées comme trop risquées pour être financées par des canaux traditionnels.

Elle a indiqué que le volume d’argent circulant vers les plateformes de jeux d’argent en crypto a incité les fondateurs du projet à se demander « si l’on pouvait en quelque sorte siphonner une partie de cette spéculation du jeu vers la recherche en phase initiale. »

Jarram a vu dans les marchés de prédiction une solution idéale, car « les parieurs ont une forte appétence pour le risque et la recherche et le développement en phase précoce est assez risqué. »

Elle a précisé que, bien que le talent et l’innovation soient abondants, le financement reste rare car les canaux traditionnels considèrent ces projets comme trop risqués. « L’argent est là », a-t-elle dit, « mais s’ils ne peuvent pas obtenir cet argent, c’est probablement en raison d’un problème d’incitation », ce que Ideosphere espère résoudre.

« Si vous pouvez en quelque sorte créer des marchés de prédiction autour de la recherche en phase initiale, vous pouvez faire de ces marchés un lieu d’échange d’idées qui attirera réellement des fonds. […] Les chercheurs peuvent proposer des hypothèses sur lesquelles les traders peuvent spéculer, et la marge va au chercheur. »

Le projet en est encore à ses débuts, avec seulement des maquettes front-end disponibles pour l’instant. Néanmoins, ils ont reçu un financement de 10 000 USDt (USDT) de la part de la Blockchain for Good Alliance lors de l’événement.

*Ideosphere cofondatrices Mariana Oka (left) et Rei Jarram (right). Source : LinkedIn *À lire aussi : La science décentralisée va mettre le cerveau sur la blockchain

Ce n’est pas si simple

Comme pour la plupart des projets de science décentralisée (DeSci), Ideosphere est plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. Sans mesures complémentaires, une configuration comme celle décrite ci-dessus est vulnérable à la corruption et aux erreurs, pouvant conduire à la fermeture erronée de marchés.

Les chercheurs peuvent faire des erreurs et tirer de mauvaises conclusions, et avec un marché de prédiction qui se base sur leurs résultats, ils ont une incitation à fermer le marché de manière inattendue et à pratiquer du délit d’initié. Les cofondateurs ont prévu quelques contre-mesures pour atténuer ce problème.

Rei a expliqué que la plateforme comportera un système de résolution des litiges — possiblement le protocole UMA — où si un utilisateur initie un litige et qu’il a raison, il sera récompensé financièrement, sinon il perdra de l’argent. Cela devrait conduire à une sorte de revue par les pairs financée par la communauté, un processus scientifique dans lequel des experts du même domaine évaluent la recherche.

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Validation décentralisée

Pour accéder au financement, les chercheurs devront également déposer une caution et passer par un processus de validation incluant un vote des utilisateurs. Ils devront aussi fournir des estimations sur la viabilité commerciale des applications pratiques et le délai de mise sur le marché.

En plus des marchés de prédiction, Ideosphere prévoit d’introduire ce qu’il appelle des « marchés de découverte ». Rei a expliqué que leur but sera de trier parmi les projets de recherche potentiels « pour identifier ceux qui ont le plus d’impact, qui sont réalisables et pouvant être financés avec […] la moindre somme de fonds. »

Elle a également indiqué que les projets de recherche pourront accéder au financement participatif via la plateforme, ainsi qu’aux fonds issus des spreads de trading sur les marchés de prédiction. Rei a ajouté que « il faut beaucoup de volume pour générer un financement substantiel », ce qui pourrait ne pas suffire, d’où leur volonté d’offrir d’autres voies de financement.

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